De nombreuses recherches en histoire ont analysé le développement ou les transformations des activités physiques et sportives sur les lieux de pratique.
Certains auteurs ont repéré les origines diverses des sports partagés entre des pratiques endémiques et des activités issues d’autres territoires.
Par ailleurs, des études ont montré les liens forts qui se tissent grâce à la pratique sportive entre des espaces différents.
Pour autant, elles n'ont pas poussé plus avant l’analyse des causes de ces relations, ni de leurs conséquences. Les travaux qui ont étudié les influences ou les emprunts dont les sports sont l’objet, demeurent rares.
Si les pratiques physiques donnent l’impression d’une relative homogénéité et d’une stabilité, lorsqu’on les observe de manière diachronique ou sur un temps court, elles sont, aussi, le fruit d’hybridations progressives, de métissages, ou le résultat de la juxtaposition d’éléments venus d’ailleurs.
En effet, les frontières des activités sportives ne sont pas étanches. Les sports sont traversés par des formes culturelles plurielles et des influences « étrangères » multiples.
Ces apports construisent et enrichissent les activités physiques. Combinés aux invariants contenus dans les techniques du corps, ils en forgent l’identité.
L’ambition de ce colloque sera de révéler et d’analyser les mécanismes par lesquels les sports et les sociétés se sont mutuellement nourris, principalement dans leur dimension culturelle. Les communications s'inscriront dans l'un des trois axes proposés ci-dessous.
Elles pourront porter sur la période antique, moderne ou contemporaine.
Cet axe s’intéresse aux mécanismes qui favorisent l’implantation des pratiques sportives dans d’autres lieux que les territoires dont elles sont originaires, ce que Michel Espagne et Michael Werner nomment les « transferts culturels ».
Torsten Hägerstrand repère que les mécanismes de diffusion passent par trois étapes (la contagion, l'extension, la relocalisation).
Richard Holt précise, pour sa part, qu'il convient de combiner données conjoncturelles et propriétés structurelles pour mieux appréhender la diffusion des pratiques sportives.
Il fait mention de trois temps dans la diffusion des sports anglais en France (l’émulation, l’opposition, la séparation).
Les communications de cet axe chercheront à répondre notamment aux questions suivantes :
● Par quels processus un sport « étranger » à une zone géographique parvient-il à s’y implanter ?
● Quels sont les enjeux relatifs à la diffusion des sports ?
● Quelles sont les conséquences des échanges suscités par le sport, sur les constructions identitaires ?
● Quels moteurs facilitent la diffusion du sport et quels freins y font obstacle ?
Les communicants pourront également montrer de quelles manières des idées, des savoirs et des techniques ont influencé la diffusion des sports.
● Ils pourront notamment s'interroger sur les connaissances ou les valeurs morales, physiques, intellectuelles, scientifiques qui, selon les époques, ont influencé le sport et permis qu'il se propage.
● De même, ils pourront discuter de la circulation des idées et des savoirs. Comment ceux-ci sont-ils passés d'un lieu à un autre parfois très éloigné, d’un domaine à un autre, parfois sans lien avec le sport ?
● Les références culturelles d’une pratique peuvent-elles s’effacer lorsqu'elles sont importées dans une autre ? Si oui, à quelles conditions ?
Dans cet axe, l’accent sera mis sur les acteurs (hommes ou femmes) qui sont à l’origine des échanges dans le sport et l’éducation physique.
Christophe Charle les nomme des « hommes doubles », d’autres les qualifient d’« intermédiaires », de « médiateurs », d’« agents de diffusion ».
Ces « passeurs culturels » seraient, selon Diana Cooper-Richet des « individus qui, de par leurs origines familiales, culturelles, géographiques, leur formation, leur parcours professionnel, sont ouverts sur le monde et sa diversité ».
Les communicants pourront également s'intéresser aux institutions, aux groupements (structures associatives traditionnelles, publiques et/ou privées), aux réseaux, ou aux éléments matériels (livres, presses, objets, techniques, évènements sportifs, etc.), qui peuvent également être considérés comme des passeurs culturels.
Les présentations s’attacheront à identifier les acteurs des transferts culturels dans le sport et à montrer leurs caractéristiques.
● Entre autres éléments, elles interrogeront les trajectoires de vie des personnes ou les évolutions des structures.
● Elles pourront aborder les questions des identités sociale, politique ou professionnelle.
● Elles tenteront ainsi de montrer comment les acteurs sont parvenus à faire adopter ou à imposer leurs pratiques aux autres.
Quel rôle les pouvoirs publics et les différentes institutions (le mouvement olympique et fédéral ou non olympique, le mouvement affinitaire ou confessionnel, l’école, etc.) ont joué dans les processus de transfert ?
Les communicants pourront également discuter du degré d’implication des personnes ou des groupements investis dans les transferts.
● Les importations de pratique que les acteurs ont portées sont-elles toujours intentionnelles et discursives ?
● Quelles ont été les logiques développées ou les stratégies volontaires ou non ?
Enfin, des présentations pourront s’intéresser à la réception des apports extérieurs dans les pratiques sportives.
Un troisième axe est proposé afin de porter attention aux lieux des transferts. Les points à questionner sont nombreux :
● Quelles sont les caractéristiques des espaces de diffusion et des territoires de réception ?
● Comment, dans un territoire donné, les acteurs individuels et/ou collectifs (clubs, ligues, fédérations, mais aussi le système scolaire, etc.) adaptent-ils leurs discours, leurs pratiques (équipements, services proposés, etc.) en matière de sport, d’éducation physique et sportive ou de loisirs, pour favoriser les transferts ou pour réceptionner une pratique étrangère ?
Les communicants sont invités à questionner systématiquement l’échelle des territoires étudiés (locaux, nationaux ou transnationaux, etc.) et leur degré de rayonnement ;
● Les processus diffèrent-ils selon le type d’espace ?
● Des interactions ou des métissages sont-ils possibles entre deux territoires d'échelle différente ?
Une attention spéciale pourra, également, être donnée à des espaces particuliers comme les zones frontalières ou les régions qui ont changé d’appartenance nationale, qui ont gagné leur autonomie ou aux territoires qui ont vécu sous des régimes autoritaires.
De même, une mise en perspective, voire une approche comparée des territoires, apparaît être une piste originale et propice à la réflexion.
Si les espaces géographiques sont bien sûr au cœur des réflexions, ils ne sont pour autant pas exclusifs. La notion d’espace pourra également être abordée par sa dimension culturelle, intellectuelle ou technique.
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